• V.           Du bouche à oreille

     

     

    Et voilà deux foutus de jours qui s’étaient écoulé depuis mon retour. Rien n’avait changé, Morgan et moi on s’engueulait toujours autant, Noa restait toujours enfermée dans une pièce et Hanna continuait de jouer les gamines. Je me demandais tout le temps comment j’avais pu les regretter. Aucun d’entre nous n’avait changé ! Noa était toujours aussi seule, Morgan toujours aussi chiant, Hanna toujours aussi immature et moi toujours aussi rabat-joie. J’étais à la fois déçu et rassuré. Déçu que Noa ne soit plus aussi présente et compréhensive, déçu que Morgan ne me montre pas sa supériorité et son sérieux, mais surtout déçu d’Hanna, en la revoyant j’ai tellement cru à une amitié. Mais je me suis planté on dirait. En revanche j’étais rassuré de ne pas être le plus con du groupe ! J’étais ni plus mature, ni plus sociable et encore moins plus agréable que les autres. Enfin, d’après Olivia c’est ce qui faisait mon charme. Les jours défilaient, et tout était de plus en plus chiant. Hanna me harcelait encore plus qu’avant, elle m’a même offert un bouquin sur les flingues. Etrangement je me le suis fait « voler »  en allant faire des courses, mais pour réconforter Hanna de cette injustice je lui ai fait un feu, sans avoir à utiliser de bois. Apparemment le papier ça brûle bien.

    J’allais souvent rendre visite à Matt depuis notre petite discussion, je lui ai même permis d’avoir sa première conversation avec Hanna. Andy et Morgan se prenaient tout le temps la tête, pendant qu’Olivia et moi passions du bon temps ensemble. Et Noa… je suppose qu’elle s’isolait encore.

    Tous les jours c’était pareil, on foutait rien et on faisait nos missions chacun dans notre coin. Puis un matin, Noa est entrée dans la maison en beuglant, chose assez rare.

     

    Noa : Vous avez entendu la nouvelle ?!

    Moi : Non mais mon petit doigt me dit que toi si.

    Noa : Mais tous le monde en parle ! Enfin tous ceux qui sont avec nous…

    Moi : Ah ? Parce que tu joues les commères avec des personnes de l’école maintenant ? Marrant je t’imaginais pas comme ça.

    Noa : Hahaha… rigole un coup mais tu vas vite comprendre que la suite est moins drôle.

    Hanna : Qu’est ce qu’il se passe ici ?

    Noa : Ha ! Hanna ! Morgan est avec toi ?

    Hanna : Euh… non je crois qu’il dort.

    Axel : Je vais le réveiller !

    Noa : Non toi tu restes ici ! Hanna tu t’en occupes.

    Hanna : Euh… oui.

     

    Hanna est partie réveiller Morgan pendant que Noa partait ranger les courses qu’elle venait de faire. Quand je me remémore mon passé j’ai vraiment l’impression qu’on faisait tout le temps des achats… enfin peu importe, j’en étais où ?...Ah oui. Peu de temps après Hanna est descendue suivie de Morgan qui était totalement crevé. Noa était…différente, son côté sociable avait l’air de ressortir une fois de plus. Mais je ne me faisais pas trop d’idées, et j’avais raison.

     

    Moi : Alors, c’est quoi cette nouvelle qui est censée me démoraliser ?

    Morgan : Attends ? Tu veux dire qu’on m’a obligé à me lever pour entendre un truc chiant ?

    Moi : Morgan, pour l’instant le seul truc chiant que j’entends c’est toi.

    Morgan : Marrant, c’est exactement ce que j’allais te dire.

    Hanna : Bon Noa, on t’écoute !

    Noa : Ce matin j’ai parlé avec Andy…

    Moi : Deux insociables comme vous qui échangent une discussion ? J’aurais bien aimé voir ça.

    Hanna : Axel, ne dis pas ça…Noa n’est pas insociable, et puis tu devrais être un peu plus sérieux, ce qu’elle a à nous dire est sûrement important.

    Moi : Ouais, ouais, ouais…

    Noa : Oui, donc, je parlais avec Andy, puis elle m’a dit qu’une rumeur circulait depuis quelques temps. Il paraît que les missions individuelles sont désormais interdites et qu’elles doivent toutes se faire en équipe…

    Moi : Et merde… la seule mission que j’ai faite avec vous j’ai été légèrement interrompu.

    Hanna : Désolée ! C’était vraiment un accident !

    Morgan : De toute façon c’est logique qu’ils suppriment les missions individuelles ! Ils n’ont pas formés des équipes pour faire joli. Bon ok, c’est vrai qu’à la base ils les ont fait pour être sûr qu’aucun élève ne fasse de conneries mais c’est aussi un peu pour faire du travail en équipe.

    Moi : Haaa… c’est vrai que c’est une horrible nouvelle dès le matin…

    Morgan : T’avais qu’à rester dans ton autre groupe puisque tu nous détestes tellement !

    Moi : Alors ça c’est de l’idée ! Si seulement j’avais pas dit aux profs que je changerais plus d’avis. De plus je doute que l’autre groupe m’accepte de nouveau.

    Morgan : Ouais bah je les comprends, on aurait dû te rejeter nous aussi.

    Noa : Mais vous allez arrêté de vous disputer ?! J’ai même pas encore dit le pire !

    Hanna : Le…pire ?

    Noa : Apparemment… tous les groupes qui n’ont pas accomplit une mission de première classe devront recommencer leurs sept années d’études.

    Morgan : T’es sûr de ce que tu dis là ? Parce que ça semble un peu abusé.

    Noa : Non justement je ne suis pas sûr, mais qu’est ce qu’on perd à en faire une ?

    Morgan : Du repos.

    Hanna : Du temps.

    Moi : La vie ! C’est moi qui suis le plus réaliste et le plus dangereux ! Donc c’est non.

    Noa : Si, on va en faire une parce qu’on ne veut pas recommencer nos sept ans d’étude !

    Moi : Mais il n’y a rien de sûr dans ce que tu dis !

    Noa : Peut être pas, mais si c’était vrai ?! De plus en en faisant une ça nous ferait bouger, ce que Axel souhaite depuis longtemps ! Hanna, tu pourrais utiliser tes flingues comme bon te semble, et toi Morgan…………. Enfin voilà !

    Morgan : Euh…c’est censé vouloir dire que ça ne va pas me plaire ?

    Axel : Baaah ! Au pire tu viens pas !

    Noa : Ne dis pas n’importe quoi Axel ! Tu sais bien que les missions de première classe doivent se faire en équipe !

    Axel : Pff… et t’as trouvée une mission du coup ?

    Noa : Non, mais Andy m’a donnée quelques dossiers qu’elle a pris à l’école.

    Hanna : Euh… on n’est pas censé avoir le droit d’emporter des dossiers chez nous…

    Axel : Oh mon dieu ! C’est un véritable crime ! On mériterait la peine de mort…

    Morgan : Pour une fois je suis d’accord avec Axel, avec le peu de règle qu’on respecte je doute qu’une de plus ou de moins fasse la différence.

    Noa : Donc au niveau des affaires il  y en a trois qui m’ont intéressées.

    Axel : Du genre ?

    Noa : Du genre, la première il s’agit d’une famille, composée que de personnes majeures,  qui récupère les biens des citoyens arrêtés ou soumis à la peine de mort pour les revendre ou s’en servir comme s’ils leurs appartenaient.

    Hanna : Mmmh…

    Axel : Chiant.

    Morgan : Je peux retourner me coucher ?

    Noa : Non ! Il reste encore des dossiers ! Le second c’est un casino qui récupère des informations sur chaque client et qui revends ces informations au gouvernement afin de les aider à régler le problème de criminalité. Autant dire que beaucoup de grand révolutionnaires sont morts par leur faute.

    Hanna : Mouais…

    Axel : Un casino ? Chiant.

    Morgan : M’ennuuuuuuuie……………..

    Noa : Vous m’énervez ! Concentrez vous un peu ! La troisième affaire concerne un tribunal, les avocats modifierais les pièces à convictions afin d’être sûre que…

    Axel : Chiant.

    Noa : Mais j’ai même pas finie de parler du dossier !

    Axel : Morgan c’est déjà endormi, ça montre à quel point c’était chiant.

    Hanna : … c’est vrai que les affaires proposés sont pas très…palpitantes ?

    Axel : Dis chiant, c’est plus rapide.

    Noa : Aucune d’entre elles ne vous intéressent ?

    Hanna : Bah, si je devais faire un choix… je dirais le casino.

    Axel : La même.

    Noa : Bon bah considérons que Morgan est pour également.

    Axel : Il est où ce casino ?

    Noa : Il se trouve à Nanka.

    Hanna : Attend tu veux dire Nanka ?! Nanka la ville du rêve ?!

    Noa : Oui cette ville là.

    Axel : C’est au moins à six heures de route !

    Morgan : …..Mmmh… c’est quoi Nanka ?

    Hanna : Tu ne connais pas Nanka ?!

    Morgan : Mgnon…

    Axel : C’est une ville de véreux, avec tous les acteurs, danseurs, sportifs… enfin ceux que certains aiment appelés « des esprits libres ».

    Noa : Nanka est considéré comme la ville du rêve car elle est peu touchée par la politique, mais il faut être assez aisé pour s’y installer.

    Hanna : Je donnerais ma vie pour y vivre ! On raconte que les magasins d’armes sont remplis de flingues très techniques et différents des nôtres ! Et les bibliothèques riches en livres sur les armes à feu !

    Noa : Il y a un nombre incalculable de commerces à Nanka.

    Morgan : Dis comme ça j’ai vraiment l’impression que vous me décrivez un paradis.

    Axel : Bah t’es pas loin de l’idée, c’est ce que tout le monde cherche à faire. Des « Esprits libres » ? C’est du foutage de gueule, ils n’iront jamais faire un film dénonçant la politique !

    Noa : De toute façon on n’a pas le choix, il faut qu’on y aille. On devrait réfléchir à un plan.

     

    Lorsque Noa a prononcée ces mots, on a tous eu un moment d’absence. On n’avait aucune expérience avec ce genre de missions, on pouvait rester une année entière à la faire, c’était des dossiers extrêmement complexes et souvent assez tordus. C’était différent des petits boulots de bases, la manière dont on devait s’y prendre n’était pas du tout expliquée, on devait se débrouiller et trouver un moyen de bosser en groupe malgré les mauvaises surprises qui pouvaient avoir lieu au cour de notre long séjour. On ne savait pas du tout comment s’y prendre. Puis on a tous proposé des idées, qui se sont fusionnées et qui ont données un truc plutôt pas mal.

     

    Axel : Donc on s’y prend comme ça ?

    Morgan : Ca va me plaire je sens !

    Axel : T’auras intérêt à bien en profiter, car une fois fini crois moi je me vengerais !

    Hanna : J’espère que j’arriverais à maintenir mon rôle !

    Noa : T’en fais pas, tu n’es pas aussi stupide que certains le pense, ça sera dur mais tu peux y arriver.

    Axel : Hanna dans le rôle d’une femme mature ? Je demande à voir !

    Noa : Tout le monde a bien le plan en tête ?

    Morgan : Oui bah au pire on aura tout le temps d’en reparler !

     

    Je me rappelle de cette mission, je me souviens de la manière dont ça a finit. Comment oublier mes premiers sentiments pour elle ?..... Mais je ne dois surtout pas me mélanger. Ca y est je m’embrouille ! J’ai tout perdu… où j’en étais ? Ah oui ! Le plan que l’on avait préparé. Je pense que je vais faire une petite pause avant de me remémorer toute cette histoire, oui… car les prochains souvenirs risquent d’être complexes.

     

     

    Tuer… si on demande à un enfant de nous dire si c’est mal ou bien il nous dira la première option, avec comme seul et unique argument « c’est papa et maman qui me l’ont dit ». Mais demandez à « papa et maman » ce qu’ils en pensent. Soit, la plus part vont vous dire qu’il ne faut pas tuer… mais si vous leur demandez des arguments que vont-ils vous répondre ? Certains vont réussir à s’expliquer, d’autres sauront juste qu’il ne faut pas, car c’est mal…et ça c’est parce que « papa et maman » leur avaient déjà dit quand ils étaient petits. Moi, on m’a toujours dit que tuer c’était mal… j’y ai cru, j’y ai tellement cru que je n’avais jamais songé à tuer une personne. Puis, quand le monde change, que vous ressentez de plus en plus de haine… on se met à fonctionner différemment, à avoir nos premières idées noires, puis au final on commet sa première infraction. On se transforme en monstre, et là on se perd dans un immense trou noir. Le seul moyen de ressortir de cet endroit lugubre, c’est de justifier nos actions, et de trouver une nouvelle raison de vivre. 


    votre commentaire