• VII.               Discussion nocturne

     

     

    Noa, Hanna, Morgan et moi nous fixions en attendant que l’un de nous quatre se lance. Un grand silence envahissait la pièce. Pendant ce temps, je réfléchissais à la manière dont je pouvais leur parler de mon passé. Comment expliquer quelque chose que je souhaitais tellement oublier ? Puis Morgan fit le premier pas, brisant ce silence qui m’aidait à réfléchir.

     

    Morgan : On est d’accord, je veux bien être le premier à parler mais vous vous défilez pas après.

    Hanna : Ca ne serait pas très honnête.

    Noa : En effet.

    Axel :

    Morgan : Comment expliquer ça en étant plutôt bref…

    Disons que mes parents sont morts tués par des politiciens, et que ces mêmes politiciens ont décidés de me garder sous leurs ailes. Entre mes trois ans et mes huit ans tout se passait plutôt bien, personne ne me parlait, jamais les domestiques ne s’occupaient pas de moi mais… on ne m’avait jamais fait de mal. Jusqu’à ce que j’atteigne mes neuf ans. Un homme est venu me voir et m’a confié une tâche. Il disait que le monde politique était un monde de manipulation et qu’il devait tout faire pour monter les échelons, enfin du charabia que je ne comprenais pas à l’époque. Il m’a demandé si j’acceptais de l’aider, alors j’ai dis oui. Erreur fatale. Il m’a entraîné dans une chambre où un autre homme attendait. L’autre homme m’a regardé de bas en haut en disant « c’est lui ? » et celui qui m’avait emmené dans la pièce hocha de la tête. Evidemment j’étais qu’un môme, je comprenais rien de ce qu’il se passait alors j’ai laissé ce connard se servir de moi. Pendant un an environ, on m’a obligé à passer du temps avec ces salauds. Pendant un an des hommes se sont permis de souiller mon corps. Puis un matin, j’ai croisé une fille, d’environ dix huit ans. Elle m’a regardée et m’a dit de sortir de cet endroit. Que tout le bâtiment allait brûler et qu’à la sortit je trouverais une voiture avec d’autres personnes dedans. Je devais leur dire de m’emmener avec eux à Blood’s School et si on me refusait je devais m’enfuir et changer d’identité. Après ça elle m’a demandé mon nom et je lui ai répondu « Isaac Cawl ». Quelques minutes plus tard j’arrivais devant la voiture. Je leur ai demandé de m’emmener à Blood’s School… mais ils m’ont ri au nez et m’ont tournés le dos. Alors j’ai dû fuir et changer d’identité, je suis devenu « Morgan Chells ». Pendant un an j’ai cherché à retrouver cette école. Et un jour la chance m’a sourit, j’ai recroisé la jeune fille d’il y a un an et elle m’a aidé à y rentrer.

    Hanna : C’est…

    Morgan : Horrible ? Répugnant ? Atroce ? Me fait pas rire, je suis pas le pire. Je suis sur que vous en avez des pas mal vous aussi.

    Noa : Bon, de toute façon on va tous y passer alors je me lance.

    J’ai toujours adoré la lecture, que ça soit du fantastique, du policier, une biographie, un roman épistolaire ou un autre genre de livre. Mais malheureusement, je vivais dans une famille assez pauvre, et nous étions envahis par les dettes. La seule chose que mes parents achetaient c’était de la nourriture, et encore il n’y en avait pas assez pour nous trois. Mon rêve était d’un jour travailler dans une grande bibliothèque pour pouvoir lire autant de romans que je le souhaite ! Mais mon père voulait qu’une fois l’âge adulte obtenu, je travaille avec lui en tant que qu’ébéniste. Un matin, alors que je n’avais que sept ans, mon père me demanda d’aller distribuer des affiches pour faire de la pub aux différents objets de menuiserie qu’il avait fabriqué. C’est alors qu’en marchant sur le trottoir, je vis accroché sur un mur une annonce pour un emploie au sein d’une bibliothèque. Je me suis immédiatement rendue à l’adresse donnée. Mais en me proposant pour ce travail, le gérant m’a ri au nez et m’a dit de rentrer chez moi. J’étais si triste, il m’avait renvoyé si vite que je n’avais même pas eu le temps de voir tous les merveilleux livres que cet endroit contenait. Alors j’ai attendu toute la journée que la bibliothèque soit fermée pour rentrer dedans et en profiter pour lire quelques livres. Une fois à l’intérieur c’était comme un rêve devenu réalité. Je n’avais jamais vu ça, il y avait tellement de romans ! Je ne savais pas par où commencé. Alors j’en ai pris un et j’ai commencé à le lire. Au bout de plusieurs heures, j’ai entendu un bruit de trousseau de clefs. Probablement le gérant. J’étais paniqué, je ne savais pas où me cacher, je savais ce que je risquais, mais il était trop tard. L’homme qui dirigeait la boutique est entré et m’a vu. Il s’est mis dans une colère noire et a appelé la police. On m’a alors emmené dans une prison, cette prison, les gens aime l’appeler « la prison des disparus », c’est une prison, tout ce qu’il y a de plus basique, mais personnes n’est au courant lorsqu’une personne y est enfermé, pas même notre famille. Nous avons juste… disparus du monde, nous partons sans laissé de trace… comme si nous n’avions jamais existé. Pendant deux ans, j’ai été nourrit avec du pain, de l’eau et un fruit. Parfois on me faisait sortir afin de faire travailler mes muscles. Puis un jour, j’ai vu deux gardes s’enfuir en courant. L’un d’eux s’est arrêté et m’a regardé. Il a commencé à sortir ses clefs pour m’ouvrir ma cellule, mais l’autre l’a retenu en lui disant que je les ralentirais et que de toute façon mon destin était de mourir. Alors ils sont partis en me laissant là. Je ne comprenais pas, mais après quelques secondes de réflexion, j’ai compris que tous les gardes étaient en train de déserter et qu’on comptait me laisser pourrir ici. Alors j’ai hurlé, j’ai hurlé si fort que quelqu’un a finit par descendre. C’était un jeune homme. Il m’a regardé dans les yeux et est repartit. J’ai fondu en larme, pendant trois jours je suis resté assise sans eau ni nourriture. Heureusement pour moi, il y avait une fenêtre avec des barreaux, alors quand il pleuvait, je léchais les barreaux et je tendais mais main pour attraper un peu de pluie afin de  m’hydrater. Ce n’était pas très hygiénique, mais j’ai survécu grâce à ça. Au bout du troisième jour, l’homme que j’avais vu était redescendu. Il m’a demandé mon nom et je lui ai donné. Il m’a donc ouvert. Il m’a regardé et m’a emmené dans une salle de bain « l’homme qui dirigeait cette prison c’est enfui lorsqu’il nous a vu. C’est ici qu’il logeait tu n’as qu’à utiliser sa douche et son lit pour te reposer, je viendrais te chercher demain matin à l’aube. Désolé de ne pas t’avoir aidé plus tôt, mais comme tu peux le voir je suis la seule personne présente ici, et il me fallait demander à mes amis ce que je devais faire de toi. Et au fait, je m’appelle Allan. » Et il est partit. J’ai pris ma première douche depuis deux ans, et je me sis couché dans un vrai lit. Comme promis, Allan est revenu me voir le lendemain. Il m’a parlé de School’s Blood et m’a demandé si j’étais intéressé. N’ayant nulle part où aller, j’ai accepté. De plus après ce qu’il m’était arrivé je ne ressentais que de la haine envers notre système politique.

    Hanna : Et ce type Allan, il lui est arrivé quoi ?

    Noa : Il est encore à School’s Blood, il avait quinze ans quand il m’a recueillie. Il a presque vingt trois ans aujourd’hui.

    Hanna : Je vois… tu dois beaucoup tenir à lui.

    Noa : En effet, mais cela importe peu, j’ai d’autre priorité. Le reste, je n’y attache aucune importance.

    Axel : Allan…

    Morgan : Et vous deux, vous avez rien de plus déprimant ? Hanna ?

    Hanna : Je… non pas vraiment… En fait, j’ai vécue dans une famille très riche, mon… mon père s’appelait Daniel Sean. C’était un politicien qui défendait les propos de notre régime actuel. « Lady Sean » on m’appelait comme ça avant. J’avais des domestiques, des amis, une famille… une petite sœur. J’étais une enfant née d’un acte adultère. Ma mère avait eu une aventure avec un révolutionnaire, et était tombé enceinte. Mon père… enfin Daniel, ne m’aimait pas beaucoup, il disait que j’avais du potentiel, mais que jamais la fille d’un « terroriste », c’est ainsi qu’ils appelaient les révolutionnaires, n’aurait un quelconque avenir dans la société. « J’ai de l’estime pour toi » combien de fois m’a-t-il dit cette phrase ? Puis il allait voir ma sœur, l’enfant parfait, celle qu’il avait mit au monde avec ma mère, rien à voir avec une bâtarde, et lui disait des « Je t’aime » et autres m’amoures du genre. Ma sœur et moi nous entendions à merveille, elle me disait tout ce que mon père lui avouait. Puis un jour, vers mes huit ans, Chloé, tel était le nom de ma sœur, est venue me voir « Tu sais ce que papa m’a dit ? Maman elle gagne de l’argent en trompant papa ! » Quand Chloé m’a dit ça, j’ai couru voir ma mère. Comment pouvait elle faire ça ? Elle qui était si honnête. Puis je suis arrivé devant elle, elle m’a fait un sourire en me demandant ce que je voulais. Alors je lui ai dit ce que m’avait dit ma sœur. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues, elle s’est accroupie, m’a prise par les épaules et m’a regardé dans les yeux « Hanna… promets moi de ne jamais te marier avec un politicien. Ils sont mauvis ma chérie, la seule chose qui les intéressent c’est l’argent. Alors promets moi, que tu ne laisseras jamais personne te faire du mal, pas même ton père. » C’est une promesse, voilà ce que je lui ai dit. Je ne comprenais pas tout, mais je savais que ma mère n’avait rien fait de mal, mais que mon père si. Pendant deux ans, j’ai désobéis à mon père, j’ai tout fait pour lui faire du mal, pour venger ma mère. Puis la roue a tourné, mon père a décidé à son tour de se venger. Il a décidé de me prostituer. Le lendemain de sa décision ma mère est venue me voir à quatre heures du matin. Elle tenait un sac. Je comprenais qu’il fallait que je me prépare. Elle m’a emmené à la gare, et m’a donné le sac « Tu te rappelles notre promesse ma puce ? Il faut absolument la tenir. C’est pourquoi tu dois partir. Après tout… c’est une promesse. » Puis elle m’a lâché la main et est partit. Je ne savais pas quoi faire, je ne savais même pas où j’étais… puis ça m’est venu, j’étais dans le train, j’ai voulue descendre mais c’était trop tard. Alors j’ai hurlé, pleuré où est ce que ce train allait m’emmené ? Je continuais de pleurer durant tout le voyage. Alors des hommes armés ont commencés à s’approcher de moi, ils faisaient partit de la police, il était interdit de montrer ses sentiments en publique, autrement dit, pleurer, rire, sourire, bouder devant d’autres personnes était sévèrement punit. Puis une jeune femme est intervenue elle était accompagné par trois autres garçons. Des élèves de Blood’s School. Ils ont tués les policiers et on fait arrêter le train en menaçant le conducteur. Ils sont descendus en m’emmenant avec eux. Puis, ils ont fait sauter le train et les passagers qui y étaient. Ils ne m’ont pas proposés de venir avec eux, mais m’ont obligés. Je n’avais pas le choix, sinon ils me tuaient. C’est comme ça que je suis arrivé ici. Quand à mon nom de famille, je l’ai changé. Je ne voulais pas de celui d’une enflure comme mon père. Hanna Johns… Johns… le nom de jeune fille de ma mère.

    Morgan : On dirait que ton histoire est plus exotique que la notre.

    Axel : Et tu sais ce que sont devenus ta mère et ta sœur ?

    Hanna : Aucune idée.

    Noa : Et ton père ?...

    Hanna : Qui sait ? De toute façon il peut toujours mourir, je n’en ai plus rien à faire.

    Morgan : … Et toi Axel ?

    Axel : J’ai pas d’histoire.

    Noa : Axel ! On avait dit qu’on raconterait tous…

    Axel : J’en ai rien à foutre ! Mon histoire ne regarde que mon frère et moi ! J’ai jamais dit que je voulais bien vous raconter ma vie !

    Morgan : Quel connard, tu nous as bien eu au final…

    Noa : Axel tu…

    Hanna : C’est bon ! Il a raison, il n’a jamais dit qu’il accepterait de raconter la sienne. Et on ne peut pas l’obliger.

    Noa : Hanna…

    Morgan : Bon, on ferait mieux de dormir demain va être une journée remplie.

    Axel : Ouais…

     

     

    On a tous des secrets. Certains sont assez insignifiants pour pouvoir en parler à des amis, d’autres trop importants pour les avouer. On a tous un secret malsain, un secret stupide, un secret honteux, un secret familial… Il arrive aussi que notre secret soit celui d’une autre personne, et c’est mon cas. Mon passé regorge de secrets… mais mon secret ou plutôt son secret, est si important qu’il vaut mieux le garder pour nous… sinon, les gens auront peur de nous… une fois de plus.


    8 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires